Amerikka : une famille palestinienne immigrée aux USA

de Cherien Dabis

Koweit/Canada/Etats-Unis, 1h32, 2009.
Festival de Cannes 2009, Quinzaine des réalisateurs.

Sortie en France 17 juin 2009.

avec Nisreen Faour, Melkar Muallen, Hiam Abbass

Dans un monde où de plus en plus de personnes vivent en dehors de leur pays d’origine mais où on connaît toujours aussi peu ses voisins, un film qui parle avec justesse des immigrés et de leurs difficultés à  trouver une place dans leur pays d’accueil.

amerikka3.jpgSi la trame narrative d’Amerrika met en scène une famille palestinienne immigrée aux Etats-Unis, le film parle de tous ceux qui vivent entre deux cultures, de tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ont dû quitter leur pays pour aller vivre ailleurs. Et ailleurs, quelles que soient les conditions matérielles, le climat ou les coutumes locales, c’est toujours un endroit où rien n’est pareil. Racisme, préjugés, plaisanteries douteuses, difficultés matérielles et affectives, incompréhension face à  d’autres façons d’agir, rien n’est facile pour qui décide de changer de pays.

Mouna est une chrétienne, palestinienne et vivant dans les territoires occupés, qui a la possibilité de partir avec son fils aux Etats-Unis. Elle hésite : « Nous serons des étrangers là -bas ». « Nous sommes des prisonniers ici » lui répond-il. Ils partent au moment où l’actualité et les médias ont un peu trop tendance à  faire passer tous les Arabes pour des terroristes. Il leur faudra passer par d’autres humiliations et connaître l’inconfort des migrants avant de connaître des moments plus heureux.

amerikka2.jpgLe film doit beaucoup à  l’actrice Nisreen Faour, véritable révélation qui incarne, de façon presque sublime, le personnage de Mouna. Palestinienne épuisée par le quotidien des territoires occupés, immigrée maladroite dans l’Illinois, divorcée, flanquée d’un adolescent pré-délinquant et de quelques kilos en trop, elle rayonne dans chaque plan. A tel point que, pour une fois, Hiam Abbass parait presque ordinaire ! Et derrière cette histoire touchante et autobiographique, on peut voir apparaître une grande réalisatrice. Cherien Daris, américaine d’origine arabe, fait preuve d’une grande maîtrise technique et d’un talent certain, notamment dans la direction d’acteurs et le montage. Les premières scènes d’Amerikka laissent une forte impression. Avec une apparente simplicité mais un sens très sûr de la caméra et de la grammaire de l’image, elles donnent à  voir et à  ressentir toutes les difficultés et les humiliations qu’une habitante de Bethléem peut ressentir en une seule journée. Si la seconde partie du film est plus ordinaire, sans doute parce qu’il est toujours plus difficile de s’extraire de sa propre histoire, Amerikka est une belle réussite, pleine de promesses, comme l’a montré sa sélection au Festival de Cannes 2009, dans la section de la Quinzaine des réalisateurs.

Magali Van Reeth

Signis

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