Mary et Max

d’Adam Elliot

Australie, 1h32, 2008.
Cristal d’or au Festival du film d’animation d’Annecy 2009.

Sortie en France le 30 septembre 2009.

film d’animation, à  partir de 12 ans.

Dans un univers très graphique, ce film d’animation très poignant dénonce la solitude contemporaine et notre désir de perfection. C’est un regard tendre sur ceux qu’on ignore d’habitude.

mary7.jpgMary est une petite fille australienne. Elle est malheureuse parce qu’elle se sent moche, différente et ne comprend pas bien le monde qui l’entoure. Elle se pose beaucoup de questions auxquelles personne ne peut répondre et n’a pas d’amis. Pour briser sa solitude, elle écrit par hasard à  quelqu’un qui habite à  New York. C’est Max, un adulte, et lui aussi, pour d’autres raisons, se sent très seul et ne comprend pas le monde qui l’entoure. A travers cette correspondance qui va durer plus de 20 ans, le réalisateur australien Adam Elliot va tirer une fiction poignante qui marquera durablement les spectateurs.

Mary et Max s’inscrit dans ce renouveau du film d’animation qui, après Persepolis de Marjane Satrapi, Valse avec Bachir d’Ari Folman ou Le sens de la vie pour 9,99 dollars de Tatia Rosenthal, ne vise plus du tout le public des enfants. Tous abordent des sujets graves et le ton de leurs films est nettement plus dramatique que comique. Si l’humour reste présent, il est avant tout une élégance dans la narration, permettant au spectateur de ne pas succomber à  trop d’émotions. Délaissant les couleurs pimpantes et les formes arrondies et douces qui sont la norme chez Disney ou Pixar, ces réalisateurs ajustent avec talent le graphisme à  leur sujet.mary5.jpg

Les personnages de Mary et Max sont des figurines en pâte à  modeler, chacune réalisées à  la main et en plusieurs exemplaires pour satisfaire toutes les nuances du scénario. Personnages étranges qui caricaturent le corps dans toutes ses imperfections : surcharge de graisse, absence de cheveux, tâches de rousseur ou de naissance, ils nous émeuvent d’autant plus qu’ils ne ressemblent à  personne de connu. Ils exagèrent ce que nous sommes, ce que nous ressentons. Et lorsque dans un plan, on peut distinguer l’empreinte digitale de l’artiste sur le bras d’un personnage, la proximité émotionnelle se fait encore plus sentir.

Adam Elliot s’est inspiré du travail de la photographe américaine Diane Arbus pour créer l’univers graphique de Mary et Max. Le regard de l’artiste choisit des personnages inhabituels, ceux qui ont l’habitude d’évoluer dans l’indifférence des autres. Teintes noir et blanc, tour à  tour dramatiques et mélancoliques, le film vire au sépia dans la partie australienne mais sait se pimenter de rouge vif pour dire la violence ou la joie.

mary6.jpgMary et Max est l’histoire émouvante de deux êtres profondément et injustement malheureux, qui ont su bâtir une étonnante relation affective. A travers eux, Adam Elliot montre que nos imperfections corporelles ou intellectuelles ne sont pas des obstacles à  la beauté des sentiments, au bonheur d’une vie qui trouve son sens. Les adolescents, dont le corps en pleine transformation est un sujet aussi fascinant que repoussant, seront très sensibles à  cette histoire, où l’acceptation de soi est sans cesse remise en cause. Mais tous les spectateurs se laisseront émouvoir par ces personnages touchants et le très bel univers graphique créé par Adam Elliot.

Magali Van Reeth

Signis

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