AvAtAr

de James Cameron

Etats-Unis, 2h41, 2009.
Sortie en France le 16 décembre 2009.

avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang

Quelques semaines avant la sortie de ce film, les médias internationaux parlaient déjà  de ce film, le plus cher du monde, des moyens technologiques déployés pour parvenir à  ce rendu si étonnant. Difficile d’y aller sans rien savoir, sans avoir déjà  vu des images.

Et il est vrai qu’ils sont magnifiques, ces grands personnages bleutés dont les corps souples et puissants se déplacent avec aisance dans les paysages de rêves de la planète Pandora. Beaux et en plus si « intelligents », de cette intelligence à  la fois animale et humaine qui les fait vivre en parfaite harmonie avec la nature. Les Navies se déplacent dans les forêts les plus touffues sans déranger le moindre organisme vivant et lorsqu’ils sont obligés de tuer, bêtes ou plantes, ils le font avec respect.

Face à  ce peuple d’extra-terrestres, des hommes de chez nous, qui parlent tous avec un accent américain. Ce sont essentiellement des mercenaires et des scientifiques au service d’un ordre supérieur, mus par des motifs essentiellement financiers. Ensemble, ils essayent de s’emparer d’un matériau très coûteux sur Terre mais abondant sur Pandora. Pour faire court, ils sont bêtes et méchants, sauf quelques gentils, vite identifiés qui vont essayer de s’opposer au massacre programmé pour raisons économiques.avatar2.jpg

Si le spectacle est là , et en abondance, le dessin, la 3D, le soin apporté à  ce nouveau monde, on ne peut s’empêcher de faire plusieurs constats. Tout d’abord la pauvreté de l’imaginaire humain lorsqu’il s’agit d’inventer de nouveaux mondes. Sur Pandora, les êtres vivants, qu’ils soient du règne animal ou végétal, ne sont que des embellissements, des exagérations, des amplifications de ce qui existe déjà  sur Terre. On a beau rajouter deux yeux à  une énorme sauterelle, cela reste une sauterelle géante. Les « naissances » d’êtres hybrides se font sous le regard des scientifiques et avec le recours de la haute technologie mais dans du liquide « amniotique ».

Les animaux qui courent vite ressemblent furieusement à  des chevaux. Les plantes rétractiles ou fluorescentes qui font une grande partie du charme idyllique de Pandora existent, plus modestes, sur notre planète. Sur Pandora, les arbres ressemblent à  des arbres et les Navies à  des humains, même s’ils sont peints en bleu et doté d’une queue. On ne verra pas dans ce film une forme vivante qu’on n’ait déjà  vue, que ce soit dans les océans, les sous-bois ou dans nos 5000 ans d’iconographie, riche en monstres ailés, sirènes et paysages étranges.

On savait l’écologie très tendance, James Cameron nous le prouve en offrant aux spectateurs un monde ravissant où des êtres non-humains mais infiniment plus sympathiques que les mercenaires américains (pas difficile !), vivent en symbiose avec la nature qui les entoure. On ne sait pas de quoi ils se nourrissent (omnivores, végétaliens ?) mais ils ne tuent jamais d’animaux pour le plaisir et lorsqu’ils sont obligés de le faire, ils demandent « pardon » par avance à  cette créature à  qui il faut ôter la vie. Cette vision de l’écologie est trop simpliste et dans l’air du temps pour ne pas agacer un peu.

Le scénario est bien pauvre. Certes, quand on vise les spectateurs par million, on ne prend aucun risque. Tout dans Avatar est aussi limpide que prévisible. Aucune surprise ou retournement ne viendra bousculer le spectateur dans son fauteuil. Rien ne viendra titiller sa conscience ou le faire culpabiliser. Les méchants sont identifiés dès le début, les gentils aussi. Film grand public qui ravira les foules venues chercher du divertissement « sans prise de tête », Avatar est là  pour répondre à  leurs attentes.

Pour les croyants de tous bords et tous horizons, une bonne nouvelle cependant, James Cameron confirme dans Avatar que Dieu existe et c’est une femme ! Mais pour ceux qui cherchent un peu plus de profondeur ou de questionnement artistique dans le cinéma, 2h40 c’est un peu long.

Magali Van Reeth

Signis

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