CINE : Femmes du Caire

de Yousri Nasrallah

Egypte, 2h15, 2009.
Mostra de Venise 2009, sélection officielle. Prix du public au Festival des Trois continents 2009.

Sortie en France le 5 mai 2010.

avec Mona Zaki, Mahmoud Hemida, Hassan El Raddad, Rihab El Gamal, Nesrine Amin, Sawsan Badr.

Dans la tradition des contes orientaux, plusieurs portraits de femmes actuelles démontrent les impasses de la société égyptienne contemporaine et le pouvoir de la télévision.

L’Egypte a donné au cinéma mondial quelques uns de ses plus grands chefs d’œuvre, notamment à  travers l’œuvre de Youssef Chahine. Cinéma populaire et de qualité, il a permis la diffusion internationale de la musique et la langue arabe. Mais à  partir des années 1970, les exigences du 7ème art ont peu à  peu cédé face à  l’emprise dévorante de la télévision. La grande école du cinéma égyptien avait peine à  retrouver son audience. En ce début de 21ème siècle, quelques bonnes nouvelles arrivent d’Egypte !caire3.jpg

Renouant avec la forte tradition littéraire nationale, et à  l’ombre des contes des Mille et une nuits, Femmes du Caire met en scène des femmes, très différentes par leur âge, leur milieu, leur culture et leurs aspirations, dans l’Egypte d’aujourd’hui. Toutes, même les plus modernes, les plus libres, se heurtent à  la misogynie ambiante. Pour le réalisateur Yousry Nasrallah, cette misogynie bien réelle a même changé la façon de faire du cinéma : « Depuis plus de 20 ans, le cinéma égyptien a marginalisé les femmes de caractère. Traditionnellement, dans nos films les femmes étaient de magnifiques étoiles, montrées comme des personnages réels, fiers de leur féminité. Maintenant, les films ont tendance à  réduire les femmes à  de simples épouses, mères, soeurs, fiancées, des objets de désir (…).

Dans Femmes du Caire, les personnages principaux sont des femmes, de véritables héroïnes qui tissent leur vie et leurs combats dans le silence et la discrétion. Toutes, y compris les plus âgées et les plus pauvres, deviennent magnifiques, renouant ainsi avec la tradition du mélodrame populaire égyptien. Et la plus belle, la plus riche et la plus moderne d’entre elles, Hebba, la pétillante animatrice de télévision, payera très cher l’illusion de former un couple « moderne » avec son mari

caire2.jpgAvec finesse et pudeur, Yousry Nasrallah défend le combat des femmes contre l’obscurantisme de la tradition, quelle soit religieuse ou non. Ici, les hommes peuvent être objet de désir et sous les voiles les plus efficaces, se cachent parfois des passions enflammées. Au centre du film, la télévision où pouvoir, jalousie et drame font vibrer le cœur des spectateurs et des responsables d’émission, donnant à  Femmes du Caire une audience qui dépasse largement celle de l’Egypte.

Magali Van Reeth

Signis

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