La Princesse de Montpensier

de Bertrand Tavernier

France, 2h19, 2010.

Sélection officielle Festival de Cannes 2010.

Sortie en France le 3 novembre 2010.

avec : Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Lambert Wilson, Raphaël Personnaz, Michel Vuillermoz.

Une rebondissante histoire d’amour et de passions, sur fond de guerres de religions : le dernier Tavernier se déguste avec délice, comme un hymne à  la vie.

Bertrand Tavernier est un cinéaste prolifique qui ne craint aucun genre. Sa filmographie comporte des œuvres aussi diverses et surprenantes que L’Horloger de Saint-Paul (1974), Coup de torchon (1981), La Vie et rien d’autre (1989), L.627 (1991), La Fille de d’Artagnan (1994), Capitaine Conan (1995), Histoire de vies brisées : les « double peine » de Lyon (2001) ou Dans la brume électrique (2009). Problèmes de société, films historiques, comédies ou drames, sa passion pour le cinéma est immense, un vrai bonheur pour les cinéphiles.princesse3.jpg

Pour son nouveau film, La Princesse de Montpensier, il s’est inspiré d’une courte nouvelle de madame de la Fayette. Dans la France du 16ème siècle, déchirée par les guerres de religions, où l’espérance de vie était très courte, les passions enflammées des jeunes gens étaient d’autant plus exacerbées qu’elles étaient contrariées, soit par des raisons politiques et familiales, soit parce que tous savaient que la mort viendrait trop vite. Une époque où il n’y avait pas de temps à  perdre et peu de place pour les choix individuels.

Dans ce contexte, même si le film dure 2h20, Tavernier trouve un rythme exalté pour accompagner tous ses personnages. Prince de France, duc de Guise ou d’Anjou, princesses et filles de la noblesse juste sorties du couvent, la jeunesse bien née doit se conformer aux désirs des familles, à  ses exigences patrimoniales et à  ses choix politiques. Comme on choisi son camp entre catholiques et protestants, c’était une époque où le désir personnel s’écrasait contre les intérêts d’un groupe.princesse2.jpg

Bertrand Tavernier se dit fasciné par cette jeunesse d’une autre époque, à  peine 20 ans et déjà  aux commandes d’une bataille, d’un domaine ou d’un royaume, une vie qu’il faut vivre pleinement avant que la mort ne vous fauche. Il a d’ailleurs choisi des acteurs qui, pour lui, sont « des icones de la jeunesse même » : Mélanie Thierry, Gaspard Uliel ou Grégoire Leprince-Ringuet. Il a pourtant ajouté un personnage de « vieux sage », d’à  peine quarante ans, le comte de Chabannes, précepteur, astrologue, théologien, philosophe, joué par un Lambert Wilson décidément en voie de canonisationprincesse4.jpg

Lorsqu’on écoute Bertrand Tavernier parler de ce film, et de son métier en général, on est frappé de constater son admiration pour les acteurs, tous les acteurs, que ce soit des « monstres » comme Philippe Noiret ou de toutes jeunes actrices comme Mélanie Thierry. Il en parle avec gourmandise, subjugué par leur performance, leur talent. Il est toujours réjouissant de voir un homme, à  la tête d’une si belle filmographie, être aussi passionné et enthousiaste. Aucune lassitude, aucune amertume, on pourra presque s’écrier « C’est folie ! », comme l’un des personnages de La Princesse de Montpensier. Mais non, Bertrand Tavernier est juste un homme de talent qui aime son métier et essaye de le faire le plus honnêtement possible.

Magali Van Reeth

Signis

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