Concert de Selva Vocale

DONA NOBIS PACEM
MUSIQUE SACRÉE DU XXe SIÈCLE

Dimanche 20 février 2011 à  17h00 dans l’Eglise Saint-Eucher, 68 rue Eugène Pons, Lyon 4e, SELVA VOCALE propose un concert de musique sacrée du XXème siècle.

Pour en savoir plus sur le groupe Selva Vocale et le concert du 20 février :
Écouter l’interview sur : [->http://lyon.catholique.fr/]

La première partie est consacrée à  plusieurs motets de musique anglaise et française.

Des 5 compositeurs anglais que David Hobourn a choisi pour ce programme, Sir William Walton (1902-1983) est peut-être le plus connu, à  la fois pour son talent et son modernisme qui lui firent gagner une renommée internationale sans doute en particulier grâce à  ses musique de films après la seconde guerre mondiale.
En 1938 à  l’occasion du mariage d’Ivor Guest et Mabel Fox-Strangways, il écrit cette très belle antienne à  partir de deux verset du Cantiques des cantiques (8,6-7) : « Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras: car l’amour est fort comme la mort, Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour, ni les inondations peuvent se noyer. » dit chant de Salomon.

Parmi les autres compositeurs anglais proposés dans ce programme, j’en note deux :

* John Tavener (né en 1944 à  Wembley) sa musique est fortement inspirée par les textes sacrés, mais on lui doit aussi plusieurs musique de films.
Pour ce concert, sera donné une pièce qui le rendit très célèbre au cœur des britannique Song for Athene , texte tiré de Hamlet de Shakespeare cette œuvre fut commandée par la BBC et jouée pour la première fois le 22 janvier 1994. Mais c’est sa reprise pour les funérailles de Lady Diana Spencer qui fit la réputation de cette œuvre. Son caractère très solennel est dû à  une basse obstinée sur laquelle se déploie une mélodie sobre lente et grave. La finale fortissimo donne une intensité d’autant plus expressive qu’elle ne peut que laisser place au silence intérieur.
* Davis Briggs [->http://www.david-briggs.org ] est né le 1er novembre 1962, il est organiste et compositeur. Fortement influencé par Jean Langlais et Pierre Cochereau , Briggs est considéré comme l’un des plus beaux improvisateurs au monde. Deux pièces de lui sont prévues à  ce programme du 20 février : I will lift up mine eyes et Ubi caritas, toutes les deux écrites en 2006.

  • La première est écrite à  partir du psaume 121 : Vers toi j’ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel.
  • La seconde pièce Ubi caritas fut même donnée pour la première fois au court de la messe à  Notre Dame de Paris le 30 juin 2006. Tout l’intérêt de cette pièce est la reprise résolument contemporaine du thème grégorien de ce beau motet, un peu comme le fit aussi Duruflé en 1960.

Avec ces œuvres de musique vocales anglaises s’intercalent parfaitement bien des motets de musique française. Les fameux motets de Duruflé Ubi caritas, Tota pulchra es, Tues Petrus, Tantum ergo, composé en 1960 sur les thèmes grégoriens et destinés à  être chantés aux Vêpres. Avec un génie qui lui est bien reconnu, Duruflé réalise l’insertion de la mélodie du plain chant dans un contexte polyphonique. « Est-il une musique qui parle au Créateur avec autant d’objectivité, de pouvoir d’adoration » s’interrogeait N. Dufourcq en écoutant ces quatre motets. Leur rareté fait leur prix. A ces motets de Duruflé s’ajoutent les non moins connus O Sacrum convivium de Messiaen et Salve Regina de Poulenc.

— — — —

La messe pour double Chœur de Franck Martin [->(http://www.frankmartin.org] écrite entre 1922 et 1926 a connu un destin étrange. Restée plus de 40 ans inconnue, le compositeur lui-même s’explique dans un texte qu’il écrit pour un programme de concert en 1970 où sa messe fut donnée :

« C’est en 1922 que cette messe a été composée (à  part l’Agnus Dei, qui date de 1926) et ce fut là  un travail absolument libre, gratuit, désintéressé. En effet, je ne connaissais, à  cette époque de ma vie, aucun chef de chœur qui eût pu s’y intéresser. Je ne l’ai jamais présentée à  l’Association des Musiciens Suisses, pour qu’on l’exécute dans une de ses fêtes annuelles et, en fait, je ne désirais nullement qu’elle fût exécutée, craignant qu’on la juge d’un point de vue tout esthétique. Je la voyais alors comme une affaire entre Dieu et moi. Il en a été de même plus tard pour un oratorio de Noël : l’expression de sentiments religieux me semblait devoir rester secrète et n’avoir rien à  faire avec l’opinion publique. Tant et si bien que cette composition est restée 40 ans dans un tiroir, tout en figurant pour la forme dans la liste de mes œuvres. […] Tout ce que je viens de dire de cette Messe indique clairement que, même si j’ai employé des moyens assez vastes, il s’agit là  d’une musique d’expression toute intérieure. Depuis l’époque mon langage musical a considérablement évolué ; il y a dans cette œuvre bien des choses que je ne pourrais plus écrire ; il y a des maladresses que je ne ferais plus (j’en ferais d’autres, qui n’en fait pas ?). Mais il y a aussi des éléments musicaux qui me sont très proches. «  […]
Souhaitons que l’on puisse encore trouver de la conviction, de la jeunesse et quelque beauté dans cette messe qui a près d’un demi-siècle d’âge. »

Cette composition est tout à  fait traditionnelle, en cinq parties et parfaitement écrite pour les voix. Son style simple, diatonique et modal ne révèle sans doute pas tout le génie raffiné de Franck Martin, mais elle témoigne d’une émotion sincère et directe où peut se déchiffrer la foi de l’homme. Aujourd’hui elle jouit d’une certaine popularité tout à  fait légitime.

P. Laurent Jullien de Pommerol

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés