11ème Biennale d’Art Contemporain de Lyon

une terrible beauté est née !

Encore une belle édition de la Biennale d’Art Contemporain de Lyon, la 11ème, qui, jusqu’à  fin décembre 2011, donne à  voir, toucher, entendre qu’ « une terrible beauté est née », celle d’un monde empli d’incertitudes et d’incohérences que les artistes, venus surtout d’Europe, d’Afrique et d’Amérique du Sud, se représentent dans un imaginaire « source de mouvement de l’Homme : vers le développement, vers le progrès et plus sensiblement vers un monde meilleur » (Victoria Noorthoorn, commissaire argentine).

 4 lieux : la Sucrière, le Musée d’Art Contemporain, la Fondation Bullukian à  Lyon, et l’usine T.A.S.E. à  Vaulx-en-Velin,

 2 réseaux : Résonance, réseau de galeries et lieux d’exposition privés, dont le Couvent de La Tourette avec Alan Charlton, et Vedutace qui se voit »), réseaux d’habitants associés à  des créations à  Décines, Saint-Priest, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Feyzin et Lyon.

L’art est contemporain dans la mesure où il entre en résonance avec ses contemporains. L’affluence montre qu’un large public est prêt à  devenir acteur de la rencontre avec un auteur et son oeuvre, producteur à  son tour de sens, inventeur de vie.

Le débat sur ce qui fait art ou non est loin derrière nous. Le débat actuel est celui que suscitent l’œuvre et son auteur sous forme de questionnement, provocation, engagement Qu’elle séduise, qu’elle choque, qu’elle envoûte, qu’elle répulse, l’œuvre d’art contemporaine ne laisse personne indifférent, a fortiori celui-là  même qui la refuse, la nie ou l’écarte de sa vue.

L’expérience artistique est la triple rencontre d’une œuvre, d’un auteur et d’un récepteur (spectateur, auditeur). S’il n’est pas toujours aisé de se rendre contemporain du temps de la création d’une œuvre « classique », en revanche l’art d’aujourd’hui est im-médiatement accessible à  ses contemporains qui ne se sont pas laissés enfermés dans le passé ou dans l’idéologie.

Nous pouvons ne pas partager la même émotion, la même perspective, la même vision, que l’artiste ou que le voisin qui visite avec nous cette 11ème Biennale d’Art Contemporain de Lyon. Mais celle-ci nous révèle la diversité des cultures, des idées, des convictions, des imaginations, des sentiments. C’est tout un monde qui vient à  nous. Saurons-nous l’accueillir comme tel, en être son « prochain » ? Essayons :

 ces murs, ce plancher et ce plafond de notre musée que l’artiste a défoncés et perforés : pour abattre les murs qui emprisonnent les artistes ? pour nous inviter à  jeter nos œillères ?

 cet homme sans moyen qui s’acharne à  déplacer l’immeuble dans un geste généreux mais inefficace : est-il le seul à  s’escrimer ainsi?

 ce désordre d’écheveaux de laine qu’un balai semble organiser : en est-il la cause ou la solution ? balayer une dictature pour conduire au chaos ou balayer le chaos au profit d’une dictature ?

 cette religieuse plus vraie que nature dont on ne sait si elle médite ou somnole : la religion élève-t-elle l’esprit ou endort-elle les bonnes âmes ?

 ces humanoïdes, vers de terre ou chrysalides : avènement d’un nouvel homme ou retour à  la terre ?

 ce poisson à  deux têtes qui invite à  venir rêver en ses entrailles : enfantement ? ré-enchantement ? fuite des réalités ?

 ce parfait jardin à  la française au milieu de briques et verres pilés : restauration ou décadence d’un monde ancien ?

 ce trompe-l’œil sur fond de friches industrielles, à  côté des immeubles modernes du Carré de La Soie : rénovation urbaine ou tape-à -l’œil ?

 et ces maquettes d’une architecture futuriste à  la Fondation Bullukian : utopie ou proche avenir ?

Un chrétien habitué aux paraboles évangéliques devrait se promener parmi ces installations et ces performances « à  livre ouvert ». « La parabole, comme l’oeuvre d’art, rend visible » écrit Jérôme Alexandre dans L’Art contemporain, un vis-à -vis essentiel pour la Foi (p.96).

Qu’adviendra-t-il du chaos que depuis des décennies nous décrivent les artistes ? Ce que vous en déciderez aujourd’hui, semblent nous dire ces artistes et leurs œuvres.

En cette année diocésaine de l’Esprit, si le vôtre est ouvert à  celui d’autrui, courez vite à  la BAC 2011 ; sinon un bon épisode de télé-réalité et on retourne à  son sommeil !


BAC 2011, jusqu’au 31 décembre, à  La Sucrière, au Musée d’Art Contemporain, à  la Fondation Bullukian à  Lyon, à  l’usine T.A.S.E. à  Vaulx-en-Velin, dans une centaine de galeries et lieux d’exposition privés, dont le Couvent de La Tourette, et dans 9 villes de l’agglomération lyonnaise (Décines, Saint-Priest, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Feyzin, Bron, Meyzieu, le Parc de Miribel-Jonage et Lyon)

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés