Les Bêtes du sud sauvage

de Benh Zeitlin

Etats-Unis, 2012, 1h32

Festival de Cannes 2012, sélection Un Certain Regard ; Caméra d’or, prix Fipresci et mention du prix œcuménique

Sortie en France le 12 décembre 2012.

avec Ouvanzhane Wallis, Dwight Henry, Jonshel Alexander.

En Louisiane, région tristement célèbre pour la violence de ses ouragans, le quotidien enchanté d’une petite fille parle d’une autre façon de vivre en harmonie avec le monde.

Au dernier Festival de Cannes où la tendance générale était à  la frilosité, Les Bêtes du sud sauvage a eu un effet roboratif pour de nombreux festivaliers. Ce premier film d’un jeune réalisateur américain, déjà  présenté au festival de Sundance, ne pouvait concourir en compétition officielle. Sélectionné à  Un Certain Regard, il a remporté, parmi de nombreux autres prix, la Caméra d’or qui récompense le meilleur premier film, et une mention spéciale du Jury œcuménique.

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Le grand plaisir de ce film, c’est une image lumineuse et poétique, un ton original où la puissance de la liberté donne un souffle particulier à  tout l’ensemble. Les Bêtes du sud sauvage redonne à  la Nature une place essentielle dans nos vies de « civilisés », d’une manière à  la fois joyeuse et décalée. Hors de toute mièvrerie. Les bayous de la Louisiane, au sud des Etats-Unis sont une jungle où, entre le milieu aquatique et l’enchevêtrement d’une mangrove exubérante, des individus en marge de la société ont trouvé refuge.

Parmi eux, Hushpuppy est une petite fille noire de 6 ans. Elle vit seule dans une cabane mais proche de celle de son père et en lien avec une communauté de gens, des originaux, des forts en gueule. Exclus volontaires ou non d’une société capitaliste très agressive, ce groupe de personnes, blancs et noirs, est heureux de vivre librement, c’est-à -dire à  l’abri des tracasseries administratives, de la bienséance, du confort, de l’hygiène, de la raison et de la morale bourgeoise. Ici, on craint le Ciel et les cyclones, Dieu et les hommes de l’autre monde. Ici, le dénuement est une célébration de la liberté, une communion avec la Nature.

Le film doit beaucoup à  ses deux interprètes principaux. Ouvanzhane Wallis qui est Hushpuppy, cheveux en couronne, peau chocolat et regard malicieux. Elle est attendrissante, naturelle et déterminée. Son père est interprété par Dwight Henry, comédien amateur et boulanger dans la vraie vie. A travers leur relation, c’est la notion même de pédagogie qui est bousculée. Hushpuppy connaît aussi bien la cruauté de la vie que son enchantement. Elle connait l’origine du monde et la force de la tempête. Elle se sait minuscule mais unique, faisant partie d’un ensemble où ses parents l’ont déposée.

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Sous une très belle forme poétique, Les Bêtes du sud sauvage célèbre à  la fois l’innocence de l’enfance et de la Nature, sans oublier la part de violence à  laquelle elle est liée. Dans le bayou, la végétation luxuriante abrite des animaux, qui connaissent la loi du plus fort. Dans le bassin, la montée des eaux met en danger toute cette communauté hétéroclite. Les rêves et le quotidien d’Hushpuppy parlent tout simplement de la possibilité d’une autre harmonie dans notre quotidien.

Magali Van Reeth

Signis

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