Chroniques cinéma – « American Sniper »

de Clint Eastwood

avec Bradley Cooper et Sienna Miller
(film américain 2h12 2014).

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Clint Eastwood dans son dernier film, Amerian sniper, mêle avec tout le talent qu’on lui connaît la glorification du patriotisme américain et l’interrogation morale sur la guerre. Efficace et troublant.

American Sniper est tiré d’une histoire vraie, celle de Chris Kyle, un tireur d’élite des Navy Seal, parti pour 4 longues missions en Irak. Au bout de ces 1000 jours de guerre, il avait tué plus de 200 soldats ennemis, protégeant ainsi ses frères d’armes, certes, ce qui lui vaudra le surnom de «The Legend ». Mais dans le lot, ce sont parfois des femmes, des enfants portant des grenades qu’il a dans sa ligne de mire

Marié, père de famille, son engagement militaire prend vite le pas sur sa vie de couple, sa place de père. Comment pourrait-il en être autrement ? De retour définitif d’Irak, Chris Kyle pense, réfléchit, agit toujours avec des réflexes de soldat. Un chien un peu violent lui fait perdre les pédales et réagir d’une manière tellement agressive qu’il se résout à  consulter un psychiatre. Ce dernier lui propose de venir aider ceux qui reviennent de la guerre, mutilés. Ce qu’il fera tout en mettant en place une école pour tireur d’élite. Il mourra assassiné, en 2013, sous les balles d’un soldat revenu d’Irak, traumatiséSes funérailles donneront lieu au spectacle de toute une région réunie sur le passage du cortège funèbre, bannières étoilées déployées pour un dernier hommage patriotique à  ce soldat symbole d’un pays nourri à  la gloire des armes.

On connaît les convictions républicaines de Clint Eastwood mais aussi son talent pour les films à  thèses et populaires. Avec son dernier film, il réussit encore à  provoquer l’engouement du public (c’est son plus gros succès commercial aux USA) et en même temps à  offrir de multiples analyses à  cet opus de guerre. D’ailleurs, il mêle habilement les deux thèses en présence. L’une, la légitimation de la guerre : Kyle ne tirait que pour protéger ses copains. Et l’autre : comment justifier une guerre faite au nom de convictions (ici la croisade contre le mal) au point de laisser l’IRAK et des G.I’s dévastés..
Clint Eastwood excelle dans le montage faisant alterner des séquences de batailles filmées magistralement et des scènes d’intimité avec sa femme ou de pauses avec ses copains. La dernière séquence tournée lors d’une tempête de sable est époustouflante..Son acteur Bradley Cooper, apporte au personnage de Kyle un poids et une crédibilité manifestes. Il est plus vrai qu’un vrai Navy seal !
Mais à  intervalles réguliers, les doutes de Kyle viennent perturber ce « beau spectacle » et notre conscience de spectateurJamais pourtant C. Eastwood ne remet en cause le choix de Georges Busch. Et la dernière séquence d’hommage le long du cortège funèbre (des images d’actualités) semble valoriser la thèse du patriotisme et de la défense armée en occultant toute une remise en cause de cette culture des armes. Troublant

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