Chroniques Cinéma – « Une seconde mère »

de Anna Muylaert

avec Regina Casé, Camila Mardila

Drame brésilien. 2015. (1h52).

Prix du Public au festival de Berlin.
Prix d’interprétation féminine au festival de Sundance 2015.

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Le sujet du film part d’une réalité au Brésil : les mères qui travaillent font garder leurs enfants par des nounous. Au-delà  de l’histoire singulière, une peinture sociale sur les évolutions de la société brésilienne avec une vedette forte et lumineuse de TV GLOBO qui porte le film : Régina Casé.

Val n’a pas revu sa fille depuis 10 ans. Elle travaille comme employée de maison pour des patrons dans une luxueuse villa de Sao Paulo. Elle est logée au sous-sol dans une chambre pas très bien éclairée et s’est prise d’amour pour le fils de la maison, qu’elle couve et surprotège.. La mère vaque à  ses occupations, le père semble malade.

Un beau jour, Jessica, sa fille débarque car elle doit passer un concours pour intégrer une fameuse école d’architecture. Le conflit est inévitable. Jessica en veut à  sa mère de l’avoir laissée à  la charge d’une parente, ne supporte pas que sa mère accepte cette « soumission » à  ses patrons. Jessica transgresse les codes qui règlent les rapports de classe dans cette maison : elle investit la chambre d’amis, nage dans la piscine, s’assoit à  la table des maitres !

Au final, Jessica intégrera cette fameuse école d’architecture. Maman d’un petit Jeorge, caché à  sa mère, elle l’appellera enfin maman, puisque Val donnera sa démission pour s’occuper de ce petit-fils.

Le film « Une Seconde mère » évoque une réalité du Brésil : les mères confient à  d’autres le soin de s’occuper de leurs enfants. Mais il pourrait concerner bien d’autres pays où des mères sont contraintes à  de telles situations. Les rapports de filiation entre parents et enfants sont finement observés : Val est valorisée par ce rôle qu’on lui donne dans cette maison. La mère du jeune garçon souffre de cette rivalité maternelle, Jessica voudrait que sa mère arrête de se faire exploiter. Comment assurer sa place de femme, de mère, de père aujourd’hui dans un pays en crise ?

Car le film dépeint aussi les changements sociaux de ce grand pays. La grand-mère de Jessica ne devait pas savoir lire, sa mère est employée de maison, elle sera architecte. Au-delà  de la réalité sociale complexe, explosive de ce pays, on sent un appétit pour vivre mieux, s’en sortir avec optimisme. Régina Casé qui joue le rôle de Val est une grande vedette de la Télé brésilienne. Elle rend très crédible l’amour qu’elle donne aux autres et le cheminement personnel qu’elle fait grâce à  sa fille, jusqu’à  accepter enfin de penser à  elle, à  son rôle de grand-mère

Anna Muylaert, la réalisatrice qui portait ce film depuis 20 ans, l’a nourri de toutes les évolutions politiques et sociales du pays lui conférant une vraie profondeur. Elle fait de Val, un beau portrait de femme et de mère.

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés