O Ka – Notre maison

Un film de Souleymane Cissé

Mali – 2015 –  1 h 36

Révélé par Yeelen (La Lumière), Prix du Jury lors du Festival de Cannes 1987, Souleymane Cissé, réalisateur malien de 77 ans, nous revient avec O Ka – Notre maison, son 7ème long-métrage.

Il s’agit d’un documentaire qui nous parle de Souleymane Cissé lui-même, de sa famille, de son pays, le Mali. Le prétexte en est l’expulsion manu-militari de leur maison, des 4 soeurs du cinéaste, à la suite d’une décision de justice présentée comme inique et complètement injustifiée.

En voix off, Cissé nous raconte cette triste histoire, mais en commençant par faire le récit de son enfance, et des circonstances de l’arrivée de sa famille, dans cette maison du quartier de Bozola à Bamako. Victime de personnages malhonnêtes  ayant falsifié des documents officiels, les 4 soeurs Cissé (A qui leur frère, le réalisateur, dédie son film), sont littéralement jetées à la rue. Leur malheur est rapidement mis en parallèle avec celui du Mali, pays rongé par une corruption  chronique, avec une spéculation immobilière (Un projet de construction de centre commercial), qui suscite des comportements abjects.

Le film distille une ambiance très sombre et très triste, témoignant de la souffrance de la famille Cissé, et tout particulièrement de ces 4 soeurs, vieilles dames très dignes et très touchantes, qui sont réduites à camper et dormir sur un bout de trottoir.

Cette tristesse est cependant tempérée par l’optimisme du discours en voix off du réalisateur, et plus encore par la présence de nombreux enfants pleins de vie et de gaité, qui semblent annoncer un Mali plus radieux, qui échapperait aux magouilles et à la corruption.

En contraste avec la misère et la laideur des rues  de Bamako, Souleymane Cissé filme une nature magnifique, avec le fleuve, la forêt, et des arbres qui semblent monter jusqu’au ciel. La religion musulmane est très présente, apportant une belle touche de spiritualité au film, avec les invocations très fréquentes vers un Dieu miséricordieux et protecteur.

Avec cette famille presque tout entièrement vêtue de blanc (Telle qu’on peut l’apercevoir sur l’affiche), la fin du film s’éclaire d’une belle lumière, en contraste avec les ténèbres de ce qui a précédé, semblant ouvrir un véritable horizon d’espoir et de paix.

Avec O Ka – Notre maison, Souleymane Cissé nous révèle un cinéma africain à son meilleur.

Pierre QUELIN.

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