Cinéma – Une Vie cachée.

Un film de Terrence Malick – Etats-Unis – 2019 – 2 h 53

L’admiration que l’on éprouve pour le  film de Terrence Malick, Une Vie cachée, réside  d’abord  dans les  superbes qualités  esthétiques qui font  de cette  nouvelle  production un des sommets de l’oeuvre  du réalisateur de L’Arbre de Vie.

Malick est un de ces  rares cinéastes (avec Hitchcock, Kubrick, quelques autres…), qui inscrivent les histoires qu’ils racontent dans un  projet  cinématographique où la forme se construit toujours au service d’une narration pour la magnifier, parfois la transcender.

A  ce titre, La Vie cachée est un film exemplaire.

Malick use, sans jamais en abuser, de tout ce que la technique offre pour renforcer la beauté  d’une image, révéler une émotion, entrer dans la peau  d’un  personnage afin d’en  révéler les sentiments, et les faire partager au spectateur.

Format scope qui magnifie tout autant la beauté des paysages des Alpes autrichiennes, que le côté sombre des intérieurs, ceux de la ferme, ceux des prisons. Photographie en plongée et contre-plongée, lumière éclatante ou ombres et reflets à la manière d’un Georges de La Tour. Musique toujours en situation, celle de James  Newton Howard, mais aussi celles de Bach, Haendel, Gorecki, Part…Utilisation très judicieuse des voix off, au travers de la lecture des lettres échangées entre Franz Jagerstatter et sa femme Fransizka « Fani ».

Franz Jagerstatter dont Terrence Malick nous raconte un épisode de sa vie. D’abord, une vie de fermier tranquille, en compagnie de sa femme et de ses trois filles. Puis une vie d’extrême souffrance, acceptée avec une rare abnégation, lorsque Franz devient objecteur de conscience, en refus de l’idéologie nazie au nom de sa foi et de l’idée qu’il se fait de l’homme, de sa liberté, de son honneur. Refus qui le conduira en prison, puis le mènera à la mort.

Si la première partie du film relève d’une narration plutôt romanesque, la seconde avec Franz en prison, baigne dans une profonde spiritualité qui témoigne à l’évidence de la présence de Dieu, et permet de comprendre parfaitement ce qui fait qu’un homme confronté aux pires souffrances peut toujours et encore résister, toujours aimer.

Une des plus belles séquences du film est celle où Franz, dans sa cellule et dans la cour de la prison, se trouve face à un codétenu qui ne ressent que le silence ou même l’absence de Dieu en regard aux malheurs sans nom  qu’endurent les prisonniers. Un Dieu indifférent aux souffrances, un  Dieu finalement sourd et muet.

Mais un  Dieu  que Franz sent constamment très proche de lui, même s’il ne le manifeste par aucune parole sortant de sa bouche. Sa résistance et sa foi ne font qu’un.

Le film est magnifiquement porté par tous les comédiens,  August  Diehl, Valérie Pachner en  tête, très crédibles. Et l’on apprécie de retrouver dans une brève  séquence, le grand Bruno Ganz, mort en février 2019 à l’âge de 77 ans.

Pierre Quelin.

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Terrence Malick

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