Un livre, un témoin à la basilique Saint-Bonaventure.

Faire Guignol

C’est dans le cadre des rencontres « Un livre, un témoin », que Guignol s’est invité à Saint-Bonaventure le 2 décembre dernier.

Le livre de Paul Fournel, Faire Guignol, permet de découvrir cette figure de la culture lyonnaise. Il s’agit d’une biographie romancée de Laurent Mourguet, père de Guignol.

Né en 1947 à Saint-Etienne, Paul Fournel est arrivé à Guignol par l’étude des langues régionales. Le franco-provençal du Forez d’abord, puis la langue du Lyonnais, ensuite. Il fera ainsi de Guignol son sujet de thèse. « Je retiens Guignol comme image. Bavard, joueur, attaché à sa ville et à sa langue, célèbre, il était un porte-drapeau idéal, à la fois nom propre et nom commun ».

On ne connait pas grand chose de Laurent Mourguet, sinon qu’il a été canut. Ce qui intéresse Paul Fournel, c’est cette interrogation: « Qu’est-ce qu’on écrit quand on ne sait pas écrire ? Qu’écrit-on quand on est comme Laurent Mourguet incapable d’écrire, mais pas inculte pour autant ».

Le premier intérêt de ce roman est de nous promener dans le Lyon de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème.

Nous sommes en 1793. La Révolution a plongé Lyon dans la misère en mettant les Canuts au chômage. En effet, plus de commandes pour les soyeux. Les métiers à tisser sont à l’arrêt.

Mais c’est aussi tout le peuple du fleuve qui se retrouve privé de travail, car le transport de la soie se faisait par le Rhône. Sur le port situé à Ainay, une grande activité régnait au bord des berges.

Le Laurent Mourguet du roman va exercer plusieurs métiers qui nous  permettent de découvrir la vie du peuple de Lyon. Avec Bonaparte, reprendra la vie économique.

« Les péniches se pressent le long des quais en double et triple files. Les crocheteurs s’affairent au chargement des marchandises. Les penseuses vont et viennent en travers du fleuve, c’est un métier de femmes, faufilant leurs petites embarcations entre les barges, se laissant balancer par les vagues des plus gros bateaux. Quand la nuit descend, elles offrent  aux  voyageurs  d’autres services  au bénéfice de l’obscurité. Des enfants jouent au bord de l’eau, en attendant de pouvoir plonger du  haut du pont dès les beaux  jours. Dans la vieille ville, Laurent écoute le vieux coeur qui s’est remis à battre. Les métiers à tisser ont repris leur  inlassable tâche. Bonaparte et ses nouveaux aristos veulent péter dans la soie. C’est bon pour la fabrique ».

Laurent Mourguet s’initie au spectacle de rue avec le Père Thomas, un violoneux charismatique très populaire mais souvent ivre: il servira de modèle à Gnafron. Encouragé par ce mentor, Mourguet deviendra marionnettiste et arracheur de dents sur les foires et les marchés. Les deux métiers étaient liés, le marionnettiste devait attirer le client craintif en lui faisant croire que l’opération était sans douleur.

Mourguet utilise d’abord le Polichinelle, mais pense ensuite à un personnage plus proche de son public. C’est  ainsi que nait Gnafron, le regrolleur, toujours ivre. Puis Guignol, qui lui ressemble physiquement, et qu’il habille en canut. Il remporte alors un vrai succès populaire, mais souhaite se mettre à l’abri des intempéries et autres évènements indésirables  rencontrés sur les foires. Il est accueilli au Caveau, passage de l’Argue, puis au café Condamin. Sa troupe s’agrandit, sa fille Rose-Pierrette l’a rejoint, ainsi que son futur gendre, Claude Louis François Josserand. Le couple lui assurera une descendance de marionnettistes. C’est alors qu’il prend sa  retraite à Vienne, où il décèdera en 1844.

Monument à Laurent Mouguet (1769-1844), créateur du Théâtre Guignol.

Rue du Doyenné – Lyon 5ème.

Gérard Truchet, président des Amis de Guignol, après avoir  assuré  un certain  nombre  de lectures au cours de la  présentation, a complété l’exposé en démêlant le vrai du faux, ou plus précisément en faisant la part de la fiction et de la biographie véritable: on  connaît peu de choses  sur Mourguet.

Ce qui est important pour Gérard Truchet, c’est que ce personnage de Guignol devenu universel, est le porte-parole du peuple. Tous les ouvriers lyonnais se sont reconnus dans  cette marionnette. D’où la place importante qu’il occupe dans le patrimoine lyonnais.

Pour terminer,Gérard Truchet a réjoui les participants avec la marionnette de Guignol, en leur offrant  une improvisation très drôle.

Marie Paule Dimet.

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Paul Fournel

Gérard Truchet

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