M. El Khatib, Mes parents

Théâtre de la Croix-Rousse, 14-16 mai 2024

Encore faut-il savoir regarder et écouter. Mohamed El Khatib propose des spectacles, des vues, des regards, des miroirs qui réfléchissent, pour réfléchir. Qui sommes-nous ? Que pensons-nous, de nous-mêmes, de nos parents, en tant que, même adultes, nous demeurons leurs enfants. De jeunes adultes, acteurs étudiants, ont composé et jouent des vignettes, plus arrêts sur image en effet qu’histoires : les manies des parents, leur métier, leurs émotions, leurs comportements, leur sexualité, des photos, des messages téléphoniques etc. Comme enfants, impossible d’en parler sans être partie prenante. De quoi d’ailleurs parle-t-on sans être partie prenante ?

Humour, tendresse, douleurs et blessures, pudeur, amour, ressentiment, distance ou complicité, un caléidoscope plus qu’un spectacle. Tous s’y retrouvent, au moins dans telle anecdote qui perd ainsi sa dimension seulement particulière et participe au récit sur nos familles. « Mes parents » et non Les parents. Parler des parents n’aurait pas été aussi pertinent ni capable de rassembler ce que beaucoup vivent avec ou contre leurs parents.

Où est la fiction, où est le reportage ou le matériau sociologique ? Que les parents qui envahissent la scène soient ceux des acteurs ou des acteurs, que les acteurs soient ceux qui ont composé le texte ou non, changent-il quelque chose à ce qui a été offert en spectacle ?

Un des grands moments est celui où est évoqué la sexualité des parents : les jeunes-adultes s’interrogent sur ce que, enfants, ils avaient perçu de la sexualité de leurs parents, ils se disent comment ils réagissent à penser leurs parents comme des être sexués, maintenant qu’ils savent ce qu’est une relation sexuelle. La tête des uns et des autres vaut mieux que bien des mots. Spectacle encore.

Lors de la représentation était présente une classe de troisième, et le spectacle était aussi dans la salle ; comment telle réplique, telle mimique, telle geste suscite les réactions, accroche ou provoque. Emotion garantie, et c’est aussi pour cela que l’on va au théâtre, au spectacle.

Texte disponible, Les solitaires intempestifs, Besançon 2022

Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés